Racines & affinités

Rares sont les artistes dont l'œuvre ne s'est pas nourri du terreau de ses devanciers. Les jeunes peintres en particulier sont immanquablement influencés par leur maître d'atelier. C'est indéniablement le cas de Michel Launay, qui a fait ses classes dans l'atelier de Maurice Brianchon aux Arts-Déco. Ses premières œuvres révèlent clairement cette filiation au travers du choix des sujets, du traitement des couleurs, de la construction même des scènes. Alors que le socle de l'enseignement de Brianchon reprend le credo du groupe de la Réalité poétique, dont il est un des acteurs majeurs, Michel Launay en a gardé des affinités avec ses camarades d'atelier, tels Cathelin, Génis ou Bardone.

Brianchon et la Réalité poétique

Qui sont les peintres de la Réalité poétique ?

Ils sont huit, comme les Fauves, réunis en 1949 sous le vocable de la "Réalité poétique" :
Maurice BRIANCHON (1899-1979)
Christian CAILLARD (1899-1985)
Jules CAVAILLES (1901-1977)
Raymond LEGUEULT (1898-1971)
Roger LIMOUSE (1894-1989)
Roland OUDOT (1897-1981)
André PLANSON (1898-1981)
Constantin TERECHKOVITCH (1902-1978).

« Comment s'est formé la sympathie et l'estime amicale qui nous unit Brianchon, Oudot, Legueult, Limouse, Caillard, Cavaillès, Terechkovitch et moi (Planson) ? D'abord parce que nous avons presque tous le même âge, à trois ans près [...]. Et puis, nous aimons la nature et nous la respectons, notre forme de poésie est voisine. Il y a entre Legueult et Caillard, entre Oudot et Terechkovitch, par exemple, des différences essentielles de conception et de couleur. Et pourtant, un même amour de la Réalité poétique nous rapproche. [...] Nous ne sommes pas une génération de combat, nous ne choisissons pas les extrêmes, mais il existe entre nous une sorte de permanence qui nous rapproche d'instinct. » (cité par Gisèle d'Assailly, Avec les peintres de la Réalité poétique, Paris, Ed. Julliard, 1949, p. 206)

Ces huit peintres ont pris le parti de représenter la Nature sous un jour riant. L'art est à leurs yeux santé, lumière et joie.

Prolongements artistiques

Les exposer fait vivre les œuvres d'un peintre. Le choix des toiles et de leur accrochage va éclairer le regard des visiteurs, comme l'interprétation de l'instrumentiste guide l'ouïe des auditeurs lors d'un concert. Mais il y a une autre manière de prolonger la vie d'une œuvre afin de la diffuser et de la faire aimer, c'est la transcription. En musique le procédé est courant ; pour une toile, les prolongements peuvent prendre la forme d'une lithogravure, d'une photographie, d'un dessin, d'une gravure, d'une eau-forte ou d'une tapisserie.

Les tapisseries d'après les toiles

Interpréter l'œuvre peint

Didier Launay, fils aîné de Michel Launay, a entrepris de faire transcrire en tapisserie des toiles de son père. Il en a confié la réalisation à l'Atelier 3 Les Lissiers situé à Pantin (93). Deux tapisseries ont déjà été tissées : Les Citrons au vase morave et Œillets du soir, que l'on voit ici sur le métier.

Les deux tapisseries réalisées par Atelier 3 Les Lissiers à Pantin (93).

Les Citrons au vase morave (2022). La toile de Michel Launay et la tapisserie par Atelier 3.