Les filiations, racines & affinités

Les Arts-Déco, l'autre école d'art

L'École des arts décoratifs est née de l'École royale gratuite de dessin créée en 1766 par Jean-Jacques Bachelier (1724-1806), ouverte officiellement en 1767 par lettres patentes du roi Louis XV pour les garçons, et de l'École spéciale et gratuite de dessin pour les jeunes filles, souhaitée par Bachelier dès les années 1780 et mise en place en 1802 par la peintre Marie Frère de Montizon (née Turben, 1760?-1845), école ouverte officiellement en 1803 et subventionnée par l'État à partir de 1810. Il s'agissait alors de développer les métiers relatifs aux arts et d'accroître ainsi la qualité des produits de l'industrie.
L'École nationale des arts décoratifs regroupera en 1890 les deux Écoles, avec désormais deux sections (filles et garçons). Elle deviendra mixte en 1949.

L'esprit Arts-Déco

Mais plus qu'une histoire d'école, les Arts-Déco, c'est un esprit, l'esprit de la liberté respectueuse de la Nature, un esprit quelque peu rebelle face aux institutions académiques. Si l'essence même de l'École est de convertir l'industrie à la conception artisanale de la chose bien faite, à la fois belle de forme et pratique dans son usage – ce qui est à l'origine du design –, la peinture qu'on y enseigne est une parfaite alliance du foisonnement de la Nature et de la forme architecturée. Elle s'appuie d'abord sur la géométrie de son cadre pour mieux y déployer ses hardiesses et ses subtilités colorées.


Brianchon et la Réalité poétique

Rares sont les artistes dont l'œuvre ne s'est pas nourri du terreau de ses devanciers. Les jeunes peintres en particulier sont immanquablement influencés par leur maître d'atelier. C'est indéniablement le cas de Michel Launay, qui a fait ses classes dans l'atelier de Maurice Brianchon aux Arts-Déco. Ses premières œuvres révèlent clairement cette filiation au travers du choix des sujets, du traitement des couleurs, de la construction même des scènes. Alors que le socle de l'enseignement de Brianchon reprend le credo du groupe de la Réalité poétique, dont il est un des acteurs majeurs, Michel Launay en a gardé des affinités avec ses camarades d'atelier, tels Cathelin, Génis ou Bardone.

Qui sont les peintres de la Réalité poétique ?

Ils sont huit, comme les Fauves, réunis en 1949 sous le vocable de la "Réalité poétique" :
Maurice BRIANCHON (1899-1979)
Christian CAILLARD (1899-1985)
Jules CAVAILLES (1901-1977)
Raymond LEGUEULT (1898-1971)
Roger LIMOUSE (1894-1989)
Roland OUDOT (1897-1981)
André PLANSON (1898-1981)
Constantin TERECHKOVITCH (1902-1978).

« Comment s'est formé la sympathie et l'estime amicale qui nous unit Brianchon, Oudot, Legueult, Limouse, Caillard, Cavaillès, Terechkovitch et moi (Planson) ? D'abord parce que nous avons presque tous le même âge, à trois ans près [...]. Et puis, nous aimons la nature et nous la respectons, notre forme de poésie est voisine. Il y a entre Legueult et Caillard, entre Oudot et Terechkovitch, par exemple, des différences essentielles de conception et de couleur. Et pourtant, un même amour de la Réalité poétique nous rapproche. [...] Nous ne sommes pas une génération de combat, nous ne choisissons pas les extrêmes, mais il existe entre nous une sorte de permanence qui nous rapproche d'instinct. » (cité par Gisèle d'Assailly, Avec les peintres de la Réalité poétique, Paris, Ed. Julliard, 1949, p. 206)

Ces huit peintres ont pris le parti de représenter la Nature sous un jour riant. L'art est à leurs yeux santé, lumière et joie.
Issus de l'atelier de Maurice Brianchon et contemporains de Michel Launay, Guy Bardone, Bernard Cathelin ou encore René Génis sont restés fidèles aux principes de la Réalité poétique.