Les tapisseries
Ce support se distingue non seulement par ses dimensions, sa matière, mais aussi par le style. Michel Launay a créé 4 cartons de tapisserie dans la lignée de Lurçat, dont Le Bijou et Le Bûcheron. Le Bijou fut tissée par la Manufacture d'Aubusson et vendue.
« Dès 1917, Antoine-Marius Martin alors Directeur de l’École d'Art
Décoratif d'Aubusson définit un ensemble de principes pour
standardiser la production des cartons, réduire le nombre de
couleurs à utiliser lors du tissage et conformer la taille des
fils de chaîne à un niveau plus gros que ce qui était alors en
usage, l'idée étant de réduire le temps de production des
tapisseries et par conséquent de les rendre plus abordables.
Ces
principes furent finalement popularisés par le peintre Jean Lurçat, qui s'était intéressé dès cette même date à la tapisserie, au départ par
la technique du petit point, qui est une forme raffinée de point de
broderie.
Mais
c'est en 1937-1938, après avoir eu l'occasion d'admirer les
tapisseries du XVIe siècle et surtout le chef-d'œuvre médiéval
de la tapisserie de l'Apocalypse d'Angers, tissée au XIVe
siècle, que Jean Lurçat reprit les principes énoncés par
Antoine-Marius Martin et les popularisa sous la forme des
principes suivants :
• un
vocabulaire plastique simplifié,
• un
nombre de couleurs restreint : Jean Lurçat établit son propre
chapelet de 44 couleurs de laines numérotées,
• un
carton numéroté à l'échelle d'exécution qui va simplifier la
réalisation du tissage et permettre une transcription fidèle.
Le
vocabulaire épuré de Jean Lurçat est traduit par les lissiers avec
toutes les techniques traditionnelles (surtout celles du Moyen Âge)
• le
battage (passage en hachure entre 2 zones de couleurs),
• le
chiné (mélange de couleurs de laine),
• le
retour au "point robuste", gros point des tentures du
XIVe siècle, soit 4 fils de chaîne par centimètre. » (Extrait de la Fiche œuvre Liberté de Jean Lurçat,
Musée d'Angers)
Avec
ces principes, les tapisseries pouvaient être produites beaucoup
plus rapidement qu'auparavant, ce qui les rendaient plus aptes à
trouver leur marché.
Jean
Lurçat entraina ses amis peintres Marcel Gromaire et Pierre Dubreuil
dans l'aventure du renouveau de la tapisserie, en particulier à
Aubusson, où ils s'installèrent.
Il sera
désormais considéré comme le chef de file de la création de la
tapisserie d'art des années 1940-1950. Son influence sera
encore importante, quand en 1960 André Malraux, alors ministre de la Culture du général de Gaulle s'est intéressé aux manufactures
de tapisseries, en particulier celle des Gobelin dans un mouvement de
relance des métiers d'art.
Michel Launay s'est penché sur l'art de la tapisserie d'une part durant ses études, mais également pendant la période qui a suivi. Il a ainsi créé 4 cartons de tapisserie. Un de ces cartons, Le Bijou, fut sélectionné par la commission des Beaux-Arts et exposé en 1951 lors de l'exposition du jubilé de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs au pavillon de Marsan à Paris. Cette tapisserie est encore toute empreinte de l'influence qu'exerçait alors Jean Lurçat.
Prolongements artistiques
Les exposer fait vivre les œuvres d'un peintre. Le choix des toiles et de leur accrochage va éclairer le regard des visiteurs, comme l'interprétation de l'instrumentiste guide l'ouïe des auditeurs lors d'un concert. Mais il y a une autre manière de prolonger la vie d'une œuvre afin de la diffuser et de la faire aimer, c'est la transcription. En musique le procédé est courant ; pour une toile, les prolongements peuvent prendre la forme d'une lithogravure, d'une photographie, d'un dessin, d'une gravure, d'une eau-forte ou d'une tapisserie.
Les tapisseries d'après les toiles
Interpréter l'œuvre peint
Didier Launay, fils aîné de Michel Launay, a entrepris de faire transcrire en tapisserie des toiles de son père. Il en a confié la réalisation à l'Atelier 3 Les Lissiers situé à Pantin (93). Deux tapisseries ont déjà été tissées : Les Citrons au vase morave et Œillets du soir, que l'on voit ici sur le métier.


Les deux tapisseries réalisées par Atelier 3 Les Lissiers à Pantin (93).

Les Citrons au vase morave (2022). La toile de Michel Launay et la tapisserie par Atelier 3.

